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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/172

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LES ÉTRANGES NOCES

— Qu’est-ce que tu as encore ? Qu’est-ce que tu fais ?

— J’ai juré de veiller sur mademoiselle, râla le géant, alors je ferme les fenêtres et je pousse la porte.

— As-tu donc peur qu’elle ne s’envole ?

— Est-ce que je sais, moi ? Ce Priski de malheur nous a dit qu’aussitôt qu’elle aurait lu cette lettre, mademoiselle te quitterait.

— Misérable ! rugit Rouletabille, et c’est pour cela que tu t’es fait son complice ! Ah ! je comprends ton attitude maintenant, tes manières ! tes réticences ! tes remords !… La Candeur, tu n’es plus mon ami ! Il n’y a plus de La Candeur pour moi, je ne te connais plus !…

— Grâce ! sanglota La Candeur éperdu, en s’affalant sur le carreau !

Mais Ivana eut vite mis fin à cette scène pathétique. Elle tendit, toujours avec son désolé sourire, la lettre à Rouletabille.

— Mais cette lettre est en turc ! dit Rouletabille ; traduisez donc, Vladimir…

C’était une lettre de Kasbeck :

« Madame, j’ai su, par Kara-Selim lui-même, le prix que vous attachiez à votre coffret de famille puisque, pour rentrer en sa possession, vous n’avez pas hésité à accepter de vous unir au bourreau de votre père, de votre mère et de votre oncle… Ayant pu, moi-même, après la disparition de Kara-Selim approcher le précieux objet, j’en ai découvert tout le