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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/187

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DE ROULETABILLE
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ment derrière les ouvrages de Kirk-Kilissé et qu’il a fallu aux Bulgares sacrifier des brigades entières pour forcer les forts de Baklitza et de Skopos ! Ces places ont été prises après une lutte formidable qui a recommencé dans les rues de Kirk-Kilissé ! Les Turcs, de rue en rue, se sont défendus de la façon la plus héroïque, transformant chaque maison en une petite forteresse… Il a fallu emporter d’assaut le palais du gouverneur… il a fallu…

Rouletabille parla ainsi pendant plus d’un quart d’heure, imaginant une prise de Kirk-Kilissé qui n’avait jamais existé et prenant le contre-pied, à chaque instant, de la vérité. Il donnait les plus précis et les plus significatifs détails relatifs à une bataille qu’il inventait de toutes pièces, faisant mouvoir des régiments qui n’avaient même pas pris part aux combats de Demir-Kapou et de Petra, mettant dans la bouche de certains généraux bulgares des paroles historiques qui devaient, plus tard, les faire bien rire et qui étaient destinées à couvrir de ridicule l’imbécile qui les avait rapportées. C’était magnifique, c’était coloré, c’était, comme on dit, bien vécu !…

— Ah ! bien, on croirait qu’on y est, disaient les confrères, qui prenaient tous des notes avec une hâte bien compréhensible.

— Et tu as déjà envoyé tout ça ? demandèrent-ils à Rouletabille.

Rouletabille, qui avait enfin terminé son récit, regarda autour de lui, constata que Marko le Valaque