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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/206

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LES ÉTRANGES NOCES

on vint lui apporter cette lettre et qu’il la lut !…

Or, cette lettre lui disait qu’Ivana l’aimait, lui, Rouletabille !

Elle l’aimait et il en avait douté !…

Une femme qui va disparaître pour toujours, une femme qui va entrer dans le tombeau, c’est-à-dire dans le harem d’Abdul-Hamid, cette femme-là ne ment point ! Elle l’aimait donc !

Et elle avait fait cela ?… Pourquoi ?… pourquoi ?… pourquoi ?… Pourquoi ce désespoir ? Et pourquoi cette folie… si c’était bien Rouletabille qu’elle aimait ?…

Car la nécessité d’un pareil sacrifice, comme le reporter l’avait dit au général, n’était point démontrée… Et en tout cas, cette histoire d’espions ne valait point qu’elle ruinât leur amour, si elle l’aimait !…

Pour qu’elle eut imaginé d’accomplir cela il fallait que le fait brutal de son sacrifice qui n’était que la conclusion de son désespoir, eut été précédé d’un événement qui avait frappé leur amour sans qu’il s’en doutât !…

Toute la question était là ! Comment et par quoi leur amour avait-il été ruiné ? Voilà ce qu’il fallait savoir !

Sûr d’être aimé, Rouletabille recommençait à raisonner, à ressaisir le bon bout de la raison que sa misère morale lui avait fait complètement abandonner.

Maintenant il s’en rendait compte : malheureux,