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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/21

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DE ROULETABILLE
17

Coule Maritza,
Ensanglantée,
Pleure la veuve
Cruellement blessée,
Marche, marche, notre général !

Une, deux, trois, marchez soldats !
La trompette sonne dans la forêt,
En avant, marchons, marchons, hourra !
Hourra, marchons en avant !…

Qu’elle était belle, cette première aurore où il n’y avait sous le soleil que des jeunes gens pleins de vie et sûrs de la victoire, où le sang n’avait pas encore été versé, où la rage du massacre n’avait pas encore ouvert ses gueules sauvages, où l’espoir sacré de délivrer des frères opprimés gonflait les poitrines, où chacun se tendait la main du Balkan au Rhodope et plus loin encore, tout là-bas jusqu’au fond de l’Épire et de la douce Thessalie ! Pour ce beau jour, des races ennemies s’étaient réconciliées et étaient parties ensemble, dans le bruit des trompettes, d’un tel élan que le monde a pu croire un instant que rien ne les séparerait plus !… Hélas ! le monde avait oublié qu’il y avait à Sofia un Cobourg qui veillait sur d’autres intérêts que ceux de sa patrie d’un jour !…

Cette vision disparut bientôt aux regards des reporters, qui, derrière Athanase s’enfoncèrent dans un pays coupé de pics, de rochers, de ravins abrupts, rappelant véritablement une zone alpestre mais beaucoup plus désolée. Le Bulgare et les reporters se firent