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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/213

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DE ROULETABILLE
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sans le vouloir, certes, je vous ai fait jusqu’ici beaucoup de peine, que je ne voudrais pas vous en causer davantage !

— Si vous ne parlez pas, monsieur Priski, je vous fais jeter dans un cachot par les soldats du général Stanislawoff avec lequel je suis au mieux, et ensuite je vous ferai fusiller comme un agent des Turcs !

— Monsieur, je vais vous avouer la vérité puisque vous l’exigez… Elle est on ne peut plus simple…

« Je vous disais tout à l’heure que j’avais toujours désiré entrer dans un couvent du mont Athos, où je conduisis jadis des voyageurs à titre d’interprète. Tout jeune que j’étais, je pus juger qu’il n’y avait vraiment encore qué là où l’on sût vivre, tout en se préparant une belle mort. Mais pour entrer dans ce couvent, il faut de l’argent, beaucoup d’argent. Dans ce but, je m’astreignis à en mettre de côté, mais il me fut dérobé, à la Karakoulé pendant le séjour que vous me fîtes faire, à mon corps défendant, dans la cave du donjon !

— Passons, monsieur Priski.

— N’ayant plus d’argent, je ne pouvais plus, hélas ! espérer d’entrer au couvent et j’en avais une grande désolation, quand il se trouva qu’au milieu des derniers événements et comme je venais, d’arriver à Kirk-Kilissé, la veille de la débandade générale, je fus reconnu par le seigneur Kasbeck, lequel eut l’honneur naguère, je crois, de vous être présenté…

— Allez, monsieur Priski, allez !…