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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/29

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DE ROULETABILLE
25

Rouletabille dénoua fort adroitement les ficelles qui rattachaient la porte flottante et apparut tout à coup aux regards médusés du bon La Candeur et du triste Vladimir. Rouletabille remarqua que La Candeur était écarlate, tout en sueur et dans un état d’exaltation peu ordinaire, tandis que Vladimir était fort pâle.

— Ah çà, mais est-ce que vous vous fichez du monde ? souffla le reporter, vous jouez ?…

Il y avait, en effet, entre les deux jeunes gens une petite table portative, et sur cette table un jeu de cartes et un morceau de papier, sur lequel quelques notes étaient écrites au crayon.

Rouletabille bondit sur le jeu de cartes. Il leur en avait déjà confisqué deux dès le début du voyage et il pensait bien qu’ils n’avaient plus de cartes. Cette passion du jeu les empêchait de prendre un repos nécessaire.

— Vous jouez au lieu de dormir ?… Vous n’êtes pas enragés, dites ?… Vous n’avez pas honte ?… je vous l’ai pourtant assez défendu ! Dès le premier soir il a été entendu que je ne verrais plus entre vos mains un jeu de cartes !… M’avez-vous juré que vous ne joueriez plus, oui ou non ?…

— Rouletabille, ne te fâche pas, émit La Candeur, conciliant, je vais te dire : nous avons essayé de dormir, mais le sommeil n’est pas venu !…

— Tas de menteurs ! Vous ne vous êtes même pas déshabillés et votre couchette n’est pas défaite !…