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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/38

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LES ÉTRANGES NOCES

que j’ai fait, monsieur, pas autre chose !… je le jure !…

— Et moi, je jure que je ne comprends pas très bien, dit Rouletabille.

— Vous allez comprendre, monsieur, et vous auriez déjà compris si votre impatience ne vous faisait m’interrompre tout le temps… Voilà la chose… Elle est simple… Le jour même de notre départ de Sofia, quand vous nous eûtes annoncé que nous partions pour une grande et longue expédition, quel a été mon premier mouvement ?… Mon premier mouvement a été de courir chez la princesse pour me débarrasser de ce précieux manteau, que je ne voulais pas conserver plus longtemps sous ma responsabilité ; le hasard fit que je pris justement par la rue où se trouve le Mont-de-Piété, et que, me trouvant en face de cette institution dont il avait été si souvent question entre la princesse et moi, je me suis mis à penser : « Tiens ! voilà l’occasion de faire estimer le manteau ! » J’entrai. On m’offrit de me prêter dessus la valeur de 43 000 francs !…

— Et vous avez accepté ?…

— Non, monsieur, j’ai refusé. J’ai dit : Non !

— Alors ?

— Alors, je ne sais par quelle fatalité, l’employé, qui était sans doute distrait, comprit que je lui répondais : Oui. Et voilà comment on m’allongea 43 000 levas sans que j’aie eu même le temps de protester !

— Mais vous avez eu le temps de les ramasser !…

— Ne me jugez pas mal, monsieur. En sortant du