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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/55

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DE ROULETABILLE
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Vladimir en poussant Rouletabille au premier plan.

Rouletabille s’étonnait :

— Ces Bulgares paraissent tout à fait chez eux. Où sont les autorités turques du village ? Ils ne les craignent donc pas ?

— Non, répliqua hâtivement Vladimir, les autorités sont mortes. Ils ont tué hier le kouet, et cinq zaptiés. Ils sont maintenant chez eux, entre eux, et tous prêts, hommes, femmes, enfants, à prendre la montagne. Ce soir, avant de quitter le village, ils doivent le brûler pour ne pas laisser cette besogne aux Turcs… du moins c’est ce que j’ai compris, car j’ai voulu savoir pourquoi ils étaient si gais.. Mais écoutez !… écoutez !… c’est maintenant que l’affaire d’Athanase commence !… Oh ! regardez Athanase !…

En effet, debout derrière le pope, Athanase, qui regardait le vieillard Dotchov, était épouvantable à voir. Ah ! c’était une belle tête d’animal qui a faim et qui surveille sa proie !

On faisait cercle autour de Cyrille qui allait raconter une histoire de la guerre de l’Indépendance et qui s’essuyait la moustache et se libérait la bouche :

— D’abord, commença-t-il, tu te rappelles, Dotchov, qu’un orage épouvantable s’était élevé la nuit dans la montagne et que le vent s’était engouffré dans la masure où Ivan le Charron et le père d’Athanase et moi nous nous étions réfugiés pour fuir les bachi-bouzouks après la dispersion des comitadjis. Ce vent s’était si bien engouffré par le trou qui don-