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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/56

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LES ÉTRANGES NOCES

nait issue à la fumée que le foyer fut renversé, bouleversé et que le feu prit à la masure, Il fallut l’évacuer et passer la nuit sous la pluie et la grêle. Puis trois bergers vinrent nous trouver sous un bouleau et, après nous avoir nourris et réchauffés, nous engagèrent à gagner un autre chalet où nous trouverions l’hospitalité. Nous avons suivi le lit du torrent, tu te rappelles, et l’eau glacée nous faisait frissonner… tu te rappelles… tu te rappelles ?

— Comme si c’était hier, fit l’autre vieillard en hochant la tête et en frissonnant comme s’il était encore dans l’eau… c’est là que je suis tombé dans un trou à truites et que j’ai failli me noyer…

— Justement, mais on n’a pas toujours pu suivre le lit du torrent ; et alors l’empreinte de nos pas nous a dénoncés aux bachi-bouzouks… cela très clairement.

— Très clairement ! c’est ce que j’ai toujours dit…

— Plus loin, on a fait la rencontre d’un ours.

— Ah ! oui, l’ours… je vois l’ours.

— Il cherchait des œufs de fourmi et il était étonné de nous voir.

— Je me rappelle… tout à fait étonné…

— Ah ! ah ! s’écria Ivan le Charron, en se rapprochant… l’ours !… je lui ai jeté un bâton dans les jambes et il a été bien attrapé… On ne pouvait pas tirer dessus, tu penses !…

— Enfin on a fini par arriver au chalet… Le berger Neia nous avait accompagnés… Rappelle-toi… rappelle-toi, Dotchov…