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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/58

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LES ÉTRANGES NOCES

ton chibouk parce que, disais-tu, le danger était passé et que tu apportais d’heureuses nouvelles : les bachi-bouzouks avaient abandonné la montagne et la route était libre vers le Nord-Ouest. Et puis la Serbie entrait en campagne etla Russie arrivait. Enfin ! nous avions tout pour nous !… Seulement, il fallait aller rejoindre les combattants. Le lendemain, nous sommes partis d’un pas allègre ; nous laissions le berger derrière nous, sans nous douter de rien.

— Oui, c’est Neia qui nous a trahis, je l’ai tué de ma propre main, fit Dotchov, à la première occasion.

— On doit, en effet, tuer les traîtres, Dotchov… On se mit donc en marche. En tête, comme toujours, venait le père d’Athanase qui était un fier homme, puis Ivan le Charron, puis moi, Cyrille, toi, Dotchov. Tu marchais le dernier, mais c’est toi qui nous disais par où il fallait passer, et c’est ainsi que nous arrivâmes devant le pré aux porchers, dont nous étions séparés par le torrent… Alors, tu as crié à Athanase, père de l’Athanase que voici :

— Il faut aller de l’autre côté si nous ne voulons plus rencontrer de bachi-bouzouks ! Il faut traverser la passerelle ! Est-ce vrai ?… Cette passerelle-là du pré aux porchers ! Est-ce vrai, Dotchov ?

— Mais bien sûr que c’est vrai !… Ivan est là pour le dire aussi bien que toi… je n’ai jamais donné que de bons conseils…

— La passerelle paraissait neuve, elle était composée de deux poutres et d’une traverse ; nous nous y