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Page:Leroux - Rouletabille chez les bohémiens, paru dans Le Matin, 1922.djvu/132

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Chapitre sixième

L’Enlèvement


I

Ah ! qui dira jamais quels cadavres sinistres

Gisent sans sépulture au fond de ses yeux noirs !

Albert Samain

— Vous vous demandez qui je suis ?… Tout le monde vous dira que je suis une ancienne amie de Rouletabille !… Il s’est conduit avec moi d’une façon infâme… Je m’appelle Mme de Meyrens !

Il se tut.

Ce dernier nom avait produit son effet… Qui n’avait entendu parler de Mme de Meyrens ?… Ses mariages qui avaient tous été de tragiques aventures, ses disparitions soudaines, ses réapparitions retentissantes et le mystère d’une vie que l’on disait maintenant appartenir à la haute police, tout cela avait suffisamment intrigué l’Europe et rempli les feuilles publiques pour qu’Hubert lui-même, si éloigné qu’il se tînt du drame mondain, ne comprît l’importance de l’alliance qu’on venait lui offrir… Ah ! certes, il valait mieux l’avoir pour amie que pour ennemie, cette femme-là !…

La voiture qui les emmenait avait pris une assez vive allure.

— Où allons-nous ? demanda Hubert.

— Là où nous serons tranquilles pour causer !…

Mme de Meyrens avait relevé les stores comme on venait de pénétrer dans l’une des rues les plus fréquentées de la ville. La voiture s’arrêta devant l’entrée d’un vaste établissement de nuit, dancing-restaurant-music-hall, où il y avait foule. Hubert s’étonna.