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Page:Leroux - Rouletabille chez les bohémiens, paru dans Le Matin, 1922.djvu/153

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Chapitre septième

À Sever-Turn


I

Par ces temps de désordre on a quelque raison

De craindre des méchants l’obscure trahison !…

Otway.

L’événement s’était accompli comme Hubert l’avait préparé. Nous avons dit que les jeunes gens avaient eu le temps de bien repérer le terrain avant l’arrivée des bohémiens. Sournoisement, Hubert avait travaillé pour son compte et s’était dit qu’il enlèverait Odette dans telle et telle condition. La jeune fille se montra docile à toutes ses suggestions. Du reste, le plan était des plus simples.

En quittant la roulotte, il eut un court entretien avec Sumbalo qui voulait qu’il restât à souper et qui lui offrait de passer la nuit au camp, mais il se retrancha derrière les ordres qu’il avait reçus et ne voulut rien accepter. Il devait partir sur-le-champ. Il remonta donc à cheval et s’en fut à fond de train du côté de l’occident, où il comptait retrouver Jean et Rouletabille.

Un coup de sifflet l’arrêta sur la route et il fut étonné d’apercevoir Jean, tout seul…

Celui-ci lui dit que Rouletabille avait voulu surveiller le camp d’un autre côté et lui demanda anxieusement des nouvelles d’Odette…

— Tout va bien ! lui répondit Hubert ; les bohémiens ne se doutent de rien, je vais retourner à travers champs vers le camp et me placerai en un endroit où doit venir me retrouver Odette, qui sera sans doute accompagnée de la vieille Zina… Je l’enlève et je vous rejoins !…

— Je vous accompagne ! fit l’autre…

— C’est tout compromettre… Le camp est bien gardé !… Je puis être reconnu !…