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Page:Leroux - Rouletabille chez les bohémiens, paru dans Le Matin, 1922.djvu/216

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Chapitre dixième

Le Retour


I. — Où Rouletabille déclare qu’il ne peut s’enfuir sans son nécessaire de voyage et de ce qu’il en advint

Le caravansérail pouvait, à cette heure, être comparé à une immense cuve où bouillonnait la fureur populaire. Les cigains du territoire venaient de passer par de telles alternatives d’enthousiasme et de désespoir qu’il ne fallait rien de moins qu’un incident comme celui du vol du « Livre des Ancêtres » par les roumis pour les pousser aux pires extrémités.

De l’aventure prodigieuse de la queyra, il leur restait cette sombre conviction, génératrice de toutes les fureurs, qu’ils avaient été bernés.

Et par qui, sinon par les roumis ?

Zina n’avait été que l’instrument des étrangers, dans cette affaire, où, en fin de compte, on avait voulu leur imposer une fausse reine !

Les lingurari (fabricants de cuillers et de vases de bois) et les liaessi qui forment la classe la plus misérable, mais aussi la plus turbulente, parce qu’ils n’ont rien à perdre, n’ayant rien su mettre de côté au cours de leurs vagabondages, s’unirent pour réclamer l’expulsion immédiate de tous les gaschis (étrangers à la race) préalablement dépouillés de leurs biens, et ils trouvèrent le patriarche assez disposé à signer un décret de cette nature dans le désir où il était d’éviter de plus grands malheurs.

C’est alors qu’Hubert voyant que, décidément Jean et Odette allaient lui échapper, imagina toute l’affaire du Livre volé après avoir glissé le fatal bouquin dans le bagage de Jean… Callista entraînant Andréa, se mit à la tête du soulèvement qui menaçait de tout emporter. La milice lais-