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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/315

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qu’il faict comme le singe qui tire les chastaignes du feu avec la patte du levrier9 ?

Je m’aperçoy qu’il voudroit que les femmes fussent l’echo de ses mauvais discours, et le charlatan le suject de ses reformations d’estat. Pour moins de cent escus, je vous en diray quelques raisons. Item, premierement, commençons par l’isle du Palais. Sa curiosité luy fit accoster Tabarin : Estes-vous malade ? — Ouy, respond le caqueteur ; mais cette mienne maladie n’est point contagieuse, elle n’est qu’en l’esprit. Je me suis adressé à vous, sçachant que vous aviez credit auprès de vostre maistre, qu’on estime sçavoir des choses merveilleuses. — Ouy dà, repliqua Tabarin ; il sçait des choses merveilleusement merveilleuses, il sçait des passe-merveilles, et si ne fut jamais chiche de ses sciences. Regardez de laquelle vous desirez afin d’estre satisfait. Mais je feray bien tout ce que desirez : je ne suis guère moins clerc que luy ; dites hardiment. — Je desirerois, honneste seigneur, dit le galland, si vostre benevolence me l’accordoit, sçavoir de vous le moyen de cognoistre quand une fille est pucelle ou non, par ce qu’outre ce que je pourrois esviter d’estre cornard, cela me profiteroit parmy les compagnies. — Lors Tabarin respond : N’y a-il que cela ?


9. Cette phrase, où se trouve en germe l’une des plus jolies fables de La Fontaine (liv. 9, fab. 16), ne fait presque