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Page:Lettres de noblesse accordées aux artistes français.djvu/12

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LETTRES DE NOBLESSE

de faveur toutes les autres distinctions dont pouvait disposer la libéralité royale à l’égard d’un artiste.

I.

LEBRUN, peintre.

L’histoire de Lebrun est trop connue et trop présente à toutes les mémoires pour qu’il soit besoin d’en rappeler même les principales dates. On en trouve d’ailleurs les traits généraux dans toutes les biographies. Si son acte d’anoblissement n’ajoute rien à l’histoire de sa vie et de son œuvre, il est curieux par la pompe des termes. Nous le donnons en entier comme spécimen de cette sorte de pièces. Ajoutons qu’un édit du mois de septembre 1664 ayant abrogé les lettres patentes accordées depuis un certain nombre d’années, une exception fut faite en faveur de Lebrun et ses lettres patentes furent confirmées en 1665. Voy. Arch. nat. : U. 667.

LETTRES D’ANOBLISSEMENT DE LEBRUN PEINTRE

(Décembre 1662.)

Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut. Bien que la vertu militaire rende les souverains redoutables à leurs ennemis, qu’elle établisse la tranquillité de leurs sujets et fasse l’esclat de leur règne, il se peut dire néantmoins que comme d’un costé les armes augmentent et affermissent les estats, les arts libéraux et les autres vertus de la paix les embellissent et y font naistre l’abondance, c’est aussi par ces considérations que les plus sages des conquérans, après avoir rendu participans de leurs lauriers et associé à la gloire de leurs triomphes ceux qui avoient employé leur sang pour la grandeur du prince et le salut de leur patrie, ont jugé digne de leurs soins la recherche de ces grands génies, lesquels par l’excellence de leur art se sont rendus illustres dans leurs siècles et ont transmis à la postérité leur nom bien plus avant que leurs ouvrages. Et comme ceux qui ont excellé dans la peinture ont toujours esté dans tous ces temps très favorablement traitez dans la cour des plus grans princes, où non seulement leurs ouvrages ont servi à l’embellissement de leurs palais, mais encore de monument à leur gloire, exprimant à la postérité par un langage muet leurs plus belles