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Page:Lettres de noblesse accordées aux artistes français.djvu/13

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ACCORDÉES AUX ARTISTES EN FRANCE.

et plus héroïques actions, mesme d’ornement aux temples où par les vives et plus animées expressions des choses saintes ils élèvent les cœurs aux autels et secondent par la sainteté de leur artifice le zèle et la piété des ministres ; Aussi nous avons bien voulu donner au sieur Lebrun, nostre premier peintre, des marques de l’estime que nous faisons de sa personne et de l’excellence de ses ouvrages qui effacent, de l’aveu universel, ceux des plus fameux peintres, et par une récompense d’honneur proportionnée à sa vertu, donner aux autres de l’émulation de l’imiter et se mettre en estât par leur estude et leur aplication de mériter pareilles grâces. A ces causes et autres considérations à ce nous mouvans, et de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royalle, avons par ces présentes, signées de nostre main, décoré et honoré, décorons et honorons du titre et qualité de noble ledit sieur Lebrun, voulons qu’il soit tenu et réputé pour tel, ensemble sa femme et enfans, postérité et lignée, tant masle que femelle, nez et à naistre et procréez en loyal mariage, et que luy et ceux de sadite postérité et lignée soient en tous actes et en droits, tant en jugement que dehors, tenus, censez et reputez nobles, portans la qualité d’escuiers, et puissent parvenir à tous degrez de chevaliers et de nostre gendarmerie, acquérir, tenir et posséder toute sorte de fiefs, seigneuries et héritages nobles de quelque titre et condition qu’ils soient, et qu’ils jouissent de tous honneurs, autoritez, prérogatives, prééminences, priviléges, franchises, exemptions et immunitez dont jouissent et ont accoustumé de jouir et user les autres nobles de notre royaume, tout ainsi que si ledit Lebrun estoit issu de noble et ancienne race et de porter armes timbrées telles qu’elles sont cy empreintes sans pour ce qu’il soit tenu nous payer ni aux rois nos successeurs aucune finance ni indemnité, dont, à quelque somme qu’elle se puisse monter, nous les avons deschargez et deschargeons, et luy en avons fait et faisons don par ces présentes. Si donnons en mandement à nos amez et féaux conseillers les gens tenans nostre Cour de Parlement à Paris et à tous nos autres officiers qu’il apartiendra que de nos présentes lettres d’annoblissement et de tout le contenu cy dessus, ils fassent, souffrent et laissent jouir et user ledit Lebrun, ses enfans et postérité nez et à naistre en loyal mariage, pleinement, paisiblement et perpetuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empeschemens au contraire, nonobstant tous édits, arrests, reglemens, ordonnances et autres lettres à ce contraires auxquelles nous avons dérogé et dérogeons par ces présentes. Car tel est