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Page:Lettres de noblesse accordées aux artistes français.djvu/33

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ACCORDÉES AUX ARTISTES EN FRANCE.

avoient embrassés, nous nous sommes, à leur exemple, singulièrement attachés à y faire partiper ceux des nôtres qui, par une application suivie, autant que par la supériorité de leurs talents, contribuent à faire fleurir de plus en plus les arts dans notre royaume. Ces deux qualités se trouvent réunies, dans un degré éminent, en la personne de notre cher et bien-aimé Jacques-Germain Soufflot, l’un de nos architectes ordinaires et de notre académie d’architecture, controlleur de nos bâtiments au département de notre bonne ville de Paris, elles lui ont mérité de notre part cette glorieuse marque de l’estime que nous en faisons.

Ledit sieur Soufflot, issu d’une famille de notre province de Bourgogne, qui y a toujours vécu honorablement. Son père, Germain Soufflot, avocat à notre Cour de parlement et lieutenant au bailliage d’Iranci, diocèse d’Auxerre, l’amena à Paris pour y faire ses études. Il était à peine sorti des humanités que le penchant insurmontable qu’il sentit pour l’architecture lui fit entreprendre le voyage de Rome, dans la vue de s’y livrer tout entier ; les progrès qu’il y fit en fort peu de temps lui procurèrent une place dans l’académie que nous y entretenons. Six à sept années d’une étude profonde, tant à Rome que dans d’autres villes d’Italie, le mirent en état de revenir dans sa patrie y déposer le fruit de ses connaissances et de ses acquisitions. Il fut d’abord retenu à Lyon où, quoique fort jeune encore, on le chargea de faire les desseins et de faire l’exécution de l’Hôtel-Dieu, l’un des bâtiments les plus considérables que ce siècle ait produits. La reconstruction d’une partie de l’Archevêché et la Bourse furent aussi confiées à ses soins. Ce dernier édifice n’étoit point encore achevé, lorsque notre très-cher et bien-amé, le sieur marquis de Marigny, etc…, jeta les yeux sur lui pour l’accompagner en Italie. De retour à Lyon, il reprit les ouvrages qu’il avoit été obligé de suspendre. Il y fit de plus différents édifices publics et particuliers, entre autres une salle de spectacle qui fait aujourd’hui l’admiration du public et des étrangers. La connaissance que le sieur marquis de Marigny a voulu prendre par lui-même de ces monuments du goût et du genre dudit sieur Soufflot, l’a déterminé à l’appeler à Paris et à nous le proposer pour faire les desseins de l’église de Sainte-Geneviève, que nous avons résolu de faire reconstruire à neuf ; l’élégance et la solidité qu’annonce le plan qu’il en a dressé, nous ont facilement porté à le charger de son exécution. Nous avons cru, par les mêmes motifs, devoir nous l’attacher plus