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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/229

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À cette nouvelle les Gaulois n’ont plus qu’une idée, celle de forcer le camp romain. Il était situé sur une hauteur qui s’élevait par une pente douce d’environ mille pas (géométriques). Les Gaulois s’y portent à la course pour ne pas laisser aux légionnaires le temps de prendre leurs armes et de se former, et ils arrivent hors d’haleine, accablés par les fascines qu’ils portaient pour combler le fossé.

Les Romains qui les attendaient sortirent en bon ordre, les attaquèrent et les mirent en fuite. La déroute fut complète ; toutes les villes de la Basse-Normandie se soumirent selon l’usage. Ce qui fait dire à César que si le Gaulois est vif, et s’il entreprend facilement la guerre, son esprit paraît incapable de supporter l’adversité.

Sur ces entrefaites P. Crassus arrivait dans l’Aquitaine, non sans avoir renforcé ses troupes de nombreux auxiliaires. Il marcha contre les Sotiates, qui assemblèrent de leur côté des forces considérables, surtout en cavalerie, et attaquèrent dans sa marche les troupes de Crassus. Ils furent repoussés par la cavalerie romaine ; mais elle ne sut pas s’arrêter à temps, et l’infanterie sotiate, embusquée dans un vallon, vint former une seconde attaque.

Crassus qui n’avait rien prévu, allait peut-être entraîner la perte de ses troupes, lorsque les Sotiates, emportés par cette valeur bouillante qui néglige toute espèce de discipline, se jetèrent sur l’ennemi, les plus lestes paraissant les premiers, mais sans ordre, sans plan concerté.

Les Romains, mieux instruits de ce qui décide la victoire, eurent le temps de former leurs lignes, et cette multitude abandonnée aux élans de son courage, dut nécessairement succomber. Ce résultat ne peut disculper Crassus d’avoir laissé ses turmes poursuivre les cavaliers sotiates ; il ne devait pas ignorer que si la principale force de son ennemi consistait en cavalerie, il avait cependant une infanterie nombreuse, et sans doute peu éloignée, quoiqu’elle ne se fût pas montrée dans le premier combat.

Crassus mit le siége devant Lectoure, capitale des Sotiates, et trouva une résistance à laquelle il ne s’était pas attendu. Pour réussir dans la réduction de cette ville, il ne fallut rien moins que la vigilance toujours soutenue des Romains.

Ce fut pendant cette guerre que les Vocates et les Tarusates (habitans de Bazas et de Tulle) appelèrent à leur secours plusieurs officiers espagnols formés dans leur jeunesse par un grand capitaine. P. Crassus vint les attaquer ; mais les élèves de Sertorius conduisaient la guerre autrement que des chefs barbares.

Ils font retrancher les Aquitains, coupent les vivres à Crassus, et l’obligent de venir les combattre dans leurs lignes, pour éviter de mourir de faim. La bonne fortune des Romains leur fit trouver un point mal gardé (car aucune discipline ne régnait parmi ces hordes) ; les retranchemens furent forcés, et les trois quarts des Aquitains périrent.

La Gaule effrayée redevint tranquille une seconde fois. Les seules nations qui fussent encore en armes étaient les habitans des bords de l’Escaut et de la Meuse, pays couvert alors de marécages.

César marcha rapidement dans le dessein de l’asservir avant l’hiver. Ces peuplades plutôt errantes que domiciliées, s’enfoncèrent dans les marais et dans les bois. César fit abattre les arbres, ayant soin pour éviter toute surprise d’en couvrir ses flancs à mesure qu’il avançait. Cependant les intempéries de la saison le forcèrent à mettre