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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/59

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vers la porte Prétorienne et la Décumane ; les allies du côté des portes latérales ou principales. Chaque face du camp avait mille sept cent cinquante pieds ; et chaque côté antérieur, deux mille cent cinquante.

Lorsque deux consuls et quatre légions étaient renfermés dans un même retranchement, les deux camps, disposés chacun comme il vient d’être dit, se réunissaient par leur partie antérieure, où étaient placés les extraordinaires. Alors la figure du camp devenait oblongue et l’emplacement double.

La légion dont Polybe décrit le campement, avait cinq mille hommes de pied, et par conséquent les manipules des princes et des hastaires étaient de cent soixante hommes. D’après Hygin, une tente de douze pieds en carré contenait dix hommes ; il fallait donc seize tentes de soldats par manipules. Derrière chaque tente, à cinq ou six pieds de distance, étaient les faisceaux d’armes ; et à six pieds de là, commençait le rang des chevaux auquel on donnait neuf pieds.

La réduction des manipules en cohortes n’apporta d’abord qu’une légère différence à l’ordre du campement. Comme il y avait dans la première ordonnance un nombre égal de manipules de hastaires, de princes et de triaires ; trois manipules, un de chaque ordre, campaient l’un derrière l’autre avec une turme à la tête, qui faisait face à la rue aboutissante au prétoire. Cela se nommait dès ce temps là une cohorte, méthode qui donnait pour le détail du service une grande facilité.

Quand les trois ordres furent incorporés, on ne changea rien à cet égard ; il y avait toujours dix cohortes dans chaque légion, et dix turmes. Chaque cohorte devait camper avec sa turme dans la même disposition, excepté qu’elle n’était pas divisée par une rue, comme celle qui se trouvait entre les triaires et les princes. Plus tard, la première cohorte étant doublée, elle recevait aussi le double de terrain en largeur. Le camp se trouvait également coupé à angles droits par deux grandes rues, la Prétorienne et la Quintane. Sous les empereurs, les cohortes prétoriennes et leur cavalerie campent près du prétoire, à la place des extraordinaires dont il n’est plus question.

Dans les camps de passage on établit seulement un parapet de gazonnage, auquel on joint des palissades ; ou bien on creuse un fossé large de cinq pieds sur trois de profondeur, sans beaucoup de façon pour le parapet. Mais quand on doit séjourner, ou que l’on est voisin de l’ennemi, on ouvre un fossé de dix à douze pieds, quelquefois plus, selon l’occasion. La profondeur est au moins de sept pieds.

De la terre qu’on en tire, on forme une levée qui s’affermit en y mêlant des troncs et des branches d’arbres, ou bien on la soutient avec des piquets et un fascinage. On plante ensuite les palissades ; chaque soldat en portait une, quelquefois deux.

Cette palissade était un rondin d’environ six à sept pieds de long, et de trois pouces de diamètre, aiguisé et durci au feu par le bout supérieur, auquel on laissait deux ou trois rameaux flexibles. On plantait ces palissades sur le sommet de l’escarpe, de deux ou trois pieds en terre, en les entrelaçant entre elles avec leurs rameaux, de telle sorte qu’étant toutes liées ensemble, l’ennemi ne put les arracher. On en formait aussi sur le rempart une enceinte continue de quatre pieds de haut, qui avait le double objet de rendre l’escalade plus difficile, et de former un parapet pour couvrir les défenseurs contre les traits

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