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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/60

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de l’assaillant. Les légionnaires, placés sur le terre-plein, repoussaient l’ennemi avec la pique et le pilum de rempart.

Au-dessus de ce rempart on élevait un parapet avec des créneaux, comme aux murs des places. Il se construisait de gazon ou de terre battue, et était soutenu par des claies ; ou bien on faisait simplement un bordage de claies assez fort pour résister aux flèches et aux dards.

Ce travail se terminait en peu d’heures, par le grand ordre qu’on y observait sous les yeux des centurions. Comme l’ouvrage était partagé, et que personne ne pouvait quitter qu’il n’eut achevé sa tâche ; la diligence était telle qu’on devait l’attendre de gens aussi forts et aussi adroits. Les alliés faisaient les deux côtés du retranchement, placés devant leur camp ; les deux autres côtés étaient construits chacun par une légion. Lors même qu’on ne campait que pour une nuit, on retranchait le camp avec la même prévoyance.

Si l’on prenait un camp défensif, ou que l’on formât une ligne devant une place, on ajoutait d’autres précautions, comme de creuser deux fossés, de donner au rempart douze pieds d’élévation, d’augmenter les rangs de palissade, et même de construire des tours qui dominaient le parapet. Ces pièces orbiculaires croisaient leur tir et flanquaient la ligne ; on y plaçait les petites machines de guerre ; enfin on n’épargnait rien pour multiplier les obstacles qui pouvaient empêcher et retarder l’approche du fossé, mais on ne faisait jamais qu’un rempart. Au moyen d’une forte charpente, on élevait encore des tours à plusieurs étages ; on les joignait ensuite par des ponts qui avaient un parapet du côté de la campagne, et que l’on bordait de soldats.

Pour se garantir de la plongée des traits, on plaçait encore des berceaux d’osier qui formaient des espèces de galeries couvertes sur le rempart. Ces berceaux ou ces galeries, si souvent employés dans l’attaque pour approcher des murailles, étaient formés des rameaux entrelacés qui avaient quelque ressemblance avec des berceaux de vigne dont ils tiraient leur nom. Ils portaient sept pieds de large sur huit de haut et seize de long, et se plaçaient bout à bout pour former une galerie couverte à l’épreuve des traits de l’assiégé jusqu’aux points d’attaque. On les garantissait du feu en les couvrant de peaux fraîches et de filamens imbibés d’eau.

Il était quelquefois nécessaire d’occuper quelques points près du camp principal pour s’assurer d’une hauteur importante, de l’eau d’une rivière, ou pour couvrir un pont. Les Romains construisaient, dans ce cas, de petits forts où ils plaçaient des troupes. Souvent on les unissait au camp principal par une ligne ; c’est ce qu’on appelle brachia ducere.

Les issues du camp se fermaient par une barrière garnie de grosses claies qui s’ôtait et se renouvellait à volonté. Quand on croit être attaqué, on y ajoute un mur de gazon, facile à renverser, s’il devient urgent de faire une sortie vigoureuse.

Lorsque tous ces ouvrages étaient bien garnis de monde, d’armes et de machines, l’ennemi ne parvenait jusqu’au bord du fossé qu’avec des difficultés infinies. Il lui restait encore à combler les fossés, à forcer le retranchement, et rarement réussissait-il dans cette entreprise, même en l’absence d’une partie des Légions. Les Mémoires de César nous font voir que ce grand homme a exécuté, avec succès, les plus belles fortifications de