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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/132

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Du Gouvernement Civil,

pour l’élever et en avoir soin ; et que celui qui met son fils en apprentissage chez un autre, le décharge par-là, pendant le tems de cet apprentissage, d’une grande partie de l’obéissance qu’il devoit, soit à lui, soit à sa mère. Mais pour ce qui regarde le devoir de respect, il subsiste toujours dans son entier, rien ne peut l’abolir, ni le diminuer ; et il appartient si inséparablement au père et à la mère, que l’autorité du père ne peut déposséder la mère du droit qu’elle y a, ni exempter son fils d’honorer celle qui l’a porté dans ses flancs. Mais l’un et l’autre sont bien éloignés d’avoir le pouvoir de faire des loix et de contraindre à les observer, par la crainte des peines qui regardent les biens, la liberté, les membres, la vie. Le pouvoir de commander finit avec la minorité : et quoique ensuite l’honneur le respect, les consolations, les secours, la défense, tout ce que peut produire la gratitude au sujet des plus grands bienfaits qu’on peut avoir reçus, soit toujours dû à un père et à une mère ; tout cela pourtant ne met point le sceptre entre les mains d’un père, et ne lui donne point le pouvoir souverain de commander. Un père ne peut prétendre d’avoir domination sur les biens