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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/202

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Du Gouvernement Civil,

saire, il conclut que tous sont naturellement sujets, en tant qu’hommes.

XXIV. Il est manifeste que les Gouvernemens eux-mêmes conçoivent et considèrent la chose autrement. Ils ne prétendent point avoir de pouvoir sur le fils, parce qu’ils en ont sur le père ; et ils ne regardent point les enfans comme leurs sujets, sur ce fondement que leurs pères le sont. Si un sujet d’Angleterre a, en France, un enfant d’une femme anglaise, de qui sera sujet cet enfant ? Non du Roi d’Angleterre, car auparavant il faut qu’il obtienne la permission d’avoir part à ce privilège, non du Roi de France, car alors son père a la liberté de l’emporter en un autre pays et de l’élever comme il lui plaît. Et, qui, je vous prie, a jamais été regardé comme un traître ou un déserteur y pour avoir pris naissance dans un pays, de parens, qui y étoient étrangers, et avoir vécu dans un autre ? Il est donc clair, par la pratique des gouvernemens même, aussi bien que par les loix de la droite raison, qu’un enfant ne naît sujet d’aucun pays, ni d’aucun gouvernement. Il demeure sous la tutelle et l’autorité de