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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/55

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par M. Locke.

et injustement dans sa propre cause, ou dans la cause d’un autre, il en doit répondre, et on peut en appeler au reste des hommes.

XI. On a souvent demandé, comme si on proposoit une puissante objection, en quels lieux, et quand les hommes sont ou ont été dans cet état de nature[1] ?

  1. On pourroit dire que ceux qui font cette question, prennent plaisir à s’aveugler eux-mêmes ; puisqu’il ne se peut, étant hommes, qu’ils ne soient persuadés qu’eux-mêmes sont encore dans cet état de nature, où les hommes ont été depuis qu’il y en a eu sur la terre, et où ils seront tant qu’il y aura des hommes. J’emprunterai du profond Puffendorff l’explication de ma pensée. Il envisage l’état de la nature sous trois faces différentes : « L’état de la nature, dans le dernier sens, est, dit-il, celui où l’on conçoit les hommes en tant qu’ils n’ont ensemble d’autre relation morale, que celle qui est fondée sur cette liaison simple et universelle qui résulte de la ressemblance de leur nature, indépendamment de toute convention et de tout acte humain, qui en ait assujéti quelques-uns à d’autres. Sur ce pied-là, ceux que l’on dit vivre respectivement dans l’état de nature, ce sont ceux qui ne sont ni soumis à l’empire l’un de l’autre, ni dépendant d’un maître commun, et qui n’ont reçu les uns des autres ni bien ni mal, ainsi l’état de nature est opposé, en ce sens,