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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/171

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FLORISE


Quand son plaisir sera de fouler le gazon,
Ou d’effeuiller des fleurs, vous la laisserez faire,
Et vous lui donnerez, sur tous les points, raison.

Il faudra la laisser saccager le parterre,
Ou crever son ballon, ou briser son cerceau,
Si telle est son envie unique et passagère.

Quand elle arrachera de rage son chapeau,
Ou qu’elle frappera le banc de sa bottine,
Vous lui direz tout bas : « Ce n’est pas comme il faut ».

Comme déjà l’orgueil à ses trois ans confine,
Elle comprendra mieux, en lui parlant ainsi,
Que si vous lui rendiez bottine pour bottine.

Vous aimerez ses dons et ses défauts aussi ;
Vous ne la gronderez même pour un empire,
Même quand vos gros yeux n’auront pas réussi.

Alors, la nuit venue, à l’heure où tout soupire,
Vous serez bien payés de toutes vos douceurs
En entendant de loin son clair éclat de rire

Qui se prolongera jusqu’au fond de vos cœurs.