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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/177

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LA CONFESSION DE L’ÂME


Mon âme à ce moment laissa tomber la main
Qui, jusqu’ici, faisait un masque à son visage ;
Et, s’appuyant du front aux barreaux du grillage,
Me fit ce bel aveu de son culte d’airain :

« J’ai conservé brûlant comme au temps du jeune âge,
« Au temps ou je portais des robes de lainage,
« Où mes cheveux dorés retombaient sur mon cou,
« Comme en ce temps, j’ai conservé par dessus tout
« La foi dans la famille et l’amour de ma mère.
« Cet amour que j’ai tu ne se peut toujours taire,
« Aussi je vous le donne en rachat des erreurs
« Dont j’ai marqué ma vie et mon front de pêcheur.
« Cet amour de ma mère était un lac immense
« Où, les jours de douleur, je baignais ma souffrance.
« C’était la bonne plage, où je venais, l’été,
« Fidèle pèlerin, prendre un peu de santé.
« Cet amour était grand comme un nom de victoire,
« Il m’était aussi doux qu’un prélude de gloire,
« Et quand je descendais vers lui, sur son appel,
« J’étais beau comme un prêtre au pied de son autel.
« Au milieu des cahots nombreux de l’existence,
« Malgré les Forts, malgré le vent de l’inconstance,
« Je l’ai toujours porté comme un Saint-Sacrement,
« Voilà ce que j’oppose à mon égarement. »