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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/34

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L’ÂME QUI VIBRE


La vague qui me prit m’entraîna dans sa fuite ;
On eût dit, telle était l’effrayante poursuite
Que lui donnait derrière une autre trombe d’eau,
Que chacune voulût devenir mon tombeau.
Émergeant par secousse, écumeuse, ma tête
Semblait une bouée au gré de la tempête ;
Et mon corps qui suivait les hoquets de la mer
Dansait lugubrement au sifflement de l’air,
Quand la vague, soudain, s’élevant d’un coup d’aile,
Jaillit, haut dans la nuit, m’entraînant avec elle.
Un instant, soutenu par son terrible jet,
Je planai, ruisselant, dans l’espace outragé.
Je planais, quand un souffle, envolé d’un cratère
Pour mêler sa révolte à celle de la terre,
Vint me prendre à la vague agonisante et vint
Me lancer d’un coup droit vers le dôme divin.
Des nuages à peine avais-je atteint la couche
Que, projeté, sifflant comme un plomb de cartouche,
Coupant l’air, je m’en fus, en me brisant les reins,
Donner brutalement contre un rocher marin.

L’ouragan n’avait pas épuisé sa furie.
Les vents, dont il cinglait ma chair endolorie,
Et les flots révoltés, luttaient encore entre eux ;
Le bronze du seigneur tonnait toujours plus creux,