Aller au contenu

Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
C’EST NOËL


Ah ! Jésus ! puisqu’il faut te fêter dans le vice,
Regarde, et sois content de ton jeune novice.
Regarde moi, Jésus, mon bien aimé Seigneur,
Regarde-moi vider mon verre en ton honneur.
Vois : je couche ma tête au bras de cette grue
Pour chercher au plafond que je prends pour la nue
L’étoile qui guida les bergers et les rois.
Allons ! Tiens ! mon Seigneur, sois donc content : je bois.

Sois content, Jésus-Christ, mon Seigneur et mon frère,
Montmartre a bien fêté ton vieil anniversaire.
Montmartre a rendu grâce au jour de ton berceau ;
Le Tzigane, lui-même, au sommet du tréteau,
Voulant, sans doute, aussi, t’adresser sa prière,
Sans repos, et pour toi, pendant la nuit entière
A fait chanter son âme au long de son archet.

Sois donc content, Jésus, Montmartre a bien marché.

C’est Noël et je sors enfin de la taverne.
Paris que je rencontre a le regard si terne
Et les bras si tombés, que l’on dirait, vraiment,
Que c’est Paris qui vient d’accoucher d’un enfant.
Noël ! Noël ! Noël ! Que le siècle est impie
De célébrer ta nuit dans la noce et l’orgie !