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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/128

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ginent qu’elles ne doivent rien valoir ; préjugé qui naît bien d’un sot orgueil.

Parmi ces diverses espèces, il y en a qui, quelquefois, acquièrent, dit-on, en séjournant sur des fonds cuivreux, la funeste propriété d’empoisonner ceux qui en mangent ; il est bon de les faire connaître ici : ce sont la carangue, l’oreille noire, la vive, la grande gueule, la vieille, le tasard grand fond, le vivano gris, la bécune, la bourse, la pargue à dents de chien.

Les tristes exemples de familles entières victimes de leur imprudence, n’effraient pas les colons ; ils n’empoisonnent pas toujours, dit-on, beau langage ; mais, dès qu’ils peuvent empoisonner, n’y a-t-il pas de la témérité, ou plutôt de la folie, à vouloir courir cette chance ?

Sous le gouvernement des Anglais, les pêcheurs étaient responsables, en quelque sorte, des accidents causés par ce poisson, parce qu’on supposait qu’ils devaient savoir où posaient ces fonds dangereux ; rien n’était plus sage, et rien alors de plus rare que ces empoisonnements. Sous le gouvernement des Français, on ne s’en occupe pas : un nègre pécheur peut vendre impunément toute espèce de poisson ; en sorte qu’un étranger