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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/211

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Il n’est aucun habitant qui ne préfère un nègre arrivant d’Afrique à un nègre créole ; pourquoi ? parce que ce nègre nouveau est doux, soumis, complaisant, sans défaut marquant ; c’est donc dans la colonie même que le nègre contracte les vices qu’on lui connaît. De son naturel, il n’est donc point méchant, et s’il le devient chez vous, messieurs les colons, ce ne peut être que l’effet de la tyrannie sous laquelle vous le faites vivre. C’est donc le caractère de l’esclave qu’il faut peindre ici. Eh bien ! L’esclave est insouciant, dissimulé, voleur, voluptueux, vindicatif. Insouciant parce qu’il ne retire aucun fruit de ses peines et de ses fatigues ; dissimulé parce qu’il craint et hait ses oppresseurs ; voleur parce qu’il n’a point le nécessaire ; voluptueux parce qu’on lui impose la nécessité de l’être, en spéculant sur le fruit de son libertinage ; vindicatif parce que, injustement opprimé, il tend toujours à recouvrer ses droits.

On croirait peut-être que le créole cherche à adoucir le sort de ses esclaves, en leur donnant ou leur faisant donner quelque instruction religieuse ; on se tromperait. On les fait baptiser parce qu’il leur faut donner un nom ; on leur fait apprendre une courte prière qu’ils récitent en-