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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/214

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Les esclaves sont superstitieux à l’extrême. L’existence des revenants, qu’ils appellent zombis, n’est rien moins que douteuse à leurs yeux. Ils s’imaginent que, le soir du jour de la Toussaint, les âmes des morts reviennent visiter les lieux qu’elles ont connus sur la terre ; ils croient aussi qu’il existe certains nègres sorciers qui ont la faculté de se dépouiller de leur peau, de paraître en fou, de voyager ainsi dans les airs ; ils les appellent soucougnans. Ils attachent de funestes idées à certains événements qui leur semblent extraordinaires, ou qu’ils jugent n’être pas dans l’ordre. Qu’une poule, par exemple, chante comme un coq, c’est, selon eux, un présage de malheur ; rêver à l’eau est un signe de mort, etc, etc ; beaucoup croient même qu’en mourant, ils retournent dans leur pays. On en voit qui se donnent la mort dans cette persuasion, M. Ricors avait un nègre de nation bouriquis, qui se pendit dans le dessein d’aller revoir sa famille ; il avait fait un paquet de ce qui lui appartenait et l’avait accroché près de lui au même arbre. Au reste, les trois quarts des blancs partagent la plupart des préjugés des esclaves.

J’avais remarqué que beaucoup de nègres avaient un fer à cheval à la porte de leur case, j’en demandai la raison à l’un d’eux. Après avoir affecté du