Aller au contenu

Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 204 —

falque entouré de cierges ; devant la porte est une croix ornée de petites bougies. Immédiatement après les vêpres, ils se dirigent en silence vers le séjour des morts. Chacun va former un berceau de verdure sur la tombe de celui qu’il aima ; il l’arrose de rhum, il y plante un cierge. Ensuite, tous se rassemblent à la chapelle, chantent des prières et des cantiques analogues à cette pieuse et triste cérémonie. Le soir arrive, on allume tous les flambeaux ; le chant redouble, l’air en retentit au loin. On les voit aller de la chapelle se prosterner sur la tombe, y prier, y verser des larmes, puis retourner mêler leurs voix au concert général. Vers neuf heures, les feux s’éteignent et chacun se retire tristement.

Quelque chose de plus que la curiosité m’attirait tous les ans à cette cérémonie. J’aimais à voir les nègres payer ces tributs d’hommages et de respect à la cendre des morts. Je me retirais dans un coin, d’où rien ne pouvait m’échapper, et je me laissais aller doucement aux méditations religieuses et mélancoliques que semblait commander cette scène lugubre.

Les nègres d’Afrique conservent dans les colonies une partie des usages de leur pays. J’ai vu le