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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/227

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travail et d’économie, à se donner une petite aisance ; mais ils sont peu nombreux, parce qu’un jour dans la semaine ne suffisant pas pour soigner leurs jardins, ils sont obligés d’y travailler souvent la nuit, et l’on conçoit que tous n’ont pas la force de sacrifier un repos qui leur est indispensable.

Exiger de ses esclaves un travail opiniâtre et ne point leur donner le nécessaire, n’est-ce pas le comble de la cruauté ! Vingt fois j’ai vu distribuer l’ordinaire, et vingt fois les cris de ces malheureux, demandant inutilement quelque chose de plus, m’ont arraché des larmes. J’ai vu, et je n’y pense qu’avec horreur, j’ai vu des maîtres leur faire donner de la morue à moitié pourrie et où fourmillaient les vers ! Qui donc, excepté le créole, pourrait s’étonner que l’esclave devienne voleur ? et voler pour soutenir son existence, quand tout autre moyen manque, est-ce être bien criminel ?

Ne voulant rien ignorer de ce qui regarde le sort des esclaves, j’ai visité un grand nombre de leurs cases, chez divers habitants, pour me donner une idée de leur mobilier, que j’ai trouvé partout à peu près le même. Je ne parle pas ici des négresses