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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/360

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Après avoir franchi péniblement la pente des montagnes et vaincu les difficultés, sans cesse renaissantes, des bois qui les revêtent, je me trouvai, non sans quelques égratignures, sur un plateau entièrement découvert, où ne croissent que des mousses et des fougères. Ce plateau est situé au pied de la Soufrière. Un ruisseau, où l’eau ne coule que dans les jours pluvieux et que l’on appelle ravine à déjeuner, borne ce plateau du côté des bois. C’est là que les voyageurs ont coutume de s’arrêter et de se restaurer l’estomac avant de gravir le flanc escarpé du volcan. Il était une heure après midi, et je n’avais encore mangé, depuis mon départ de la Basse-Terre, que deux figues bananes et un morceau de cassave ; j’éprouvais donc une faim assez vive ; mais, avant de la satisfaire, je voulais jouir un instant du grand et sublime tableau qu’offre, aux regards étonnés, la vaste partie de l’île que l’on peut apercevoir de ce lieu élevé d’environ quatorze cents mètres au-dessus du niveau de la mer. Je m’avançai donc vers l’autre extrémité du plateau, et laissai librement errer ma vue sur tous les objets qui se trouvaient si loin au-dessous de moi. Dans cette nouvelle situation, les impressions que j’en recevais n’étaient plus les mêmes, et l’habitant de la plaine, accoutumé à voir sur un plan horizontal