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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/130

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que, les cris et les menaces, l’arrestation, le Dépôt, Sainte-Anne et Villejuif, Villejuif, c’est-à-dire les douches, les bains glacés et brûlants, ou le macchabée est mis à dessaler durant des heures, selon l’horrible expression de là-bas, le cabanon, la camisole de force, les coups et les féroces bourrades des gardes-chiourmes que sont partout les gardiens, l’infirmerie et quelquefois la mort.

C’était là toute l’histoire ; à la sortie du misérable, comment guéri ! (le docteur se le demandait encore) Essler avait recommandé son malade à sir Williams, le suppliant au nom de l’humanité d’admettre dans son usine ce vaincu de la vie, qui fatalement sombrerait de nouveau, abandonné à lui-même sur le pavé de Paris.

Après le diner, le soir, la belle Mme Engrand, évidemment sous l’émotion de cette histoire, attaqua, au piano, de sa voix mouillée de contralto, la fameuse poésie d’Augier, musique de Gounod

Je voudrais oublier qui j’aime,
Emportez-moi loin d’ici.

Et quelques jolies robes de foulard, toutes vibrantes encore des incidents de la journée,