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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/137

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Pis, ma vieille chair de viveur de trente-quatre ans et plus a l’horreur aujourd’hui de tout ce qui n’est pas elle ; l’approche, l’haleine, le contact de toute autre femme m’emplissent de malaise, d’une véritable angoisse, et cette ridicule aventure a si bien tué le libertin en moi qu’elle a réveillé le cardiaque… Car tu sais, malgré l’ordonnance Potin, le séjour aux champs ne les a pas du tout, mais du tout supprimés, mes fameux troubles du cœur.

Te souviens-tu de ce que disait toujours ce grand farceur de Le Pilois, alors interne à l’Hôtel-Dieu, après m’avoir écouté respirer comme pour une très sérieuse auscultation : « Toi, je te permets la débauche, mais je te défends l’amour…, tu n’es pas organisé pour ça…, c’est-à-dire, tu es trop organisé ; monsieur est en vieux Saxe, gare les escrabouillures. »

L’escrabouillure y est, et en plein, aujourd’hui.

Si je te disais qu’il y a des minutes où, rien qu’en songeant à elle, je me sens à la fois si délicieusement triste et si douloureusement étreint, qu’il me