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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/138

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semble que je vais passer, et, là, tout bêtement, mourir.

C’est atroce et c’est exquis, cette agonie autour d’un sexe, cette mort défaillante autour d’un souvenir.

Ainsi, le lendemain de mon arrivée ici, j’ai eu une heure d’une si mortelle angoisse, d’une détresse si profonde, que, pour rien au monde, je ne voudrais la revivre encore, et pourtant, cette heure, maintenant que j’en connais l’opprimante souffrance, je m’en voudrais de ne l’avoir pas vécue, et de toutes les forces de mon être, car avoir pu endurer cela, certes, c’est avoir aimé !

Il faut te dire que j’occupe aux Capucins une chambre bien faite pour les incurables convalescences ; une vaste chambre de la fin de l’autre siècle, tendue de haut en bas de bergeries violâtres sur le fond écru des toiles de Jouy ; un œil de bœuf s’ouvre en lucarne au-dessus de chaque porte et le feu flambant, au coin duquel je t’écris, pétille et charbonne entre des landiers de fer sur le foyer de briques d’une de ces hautes cheminées de jadis où on se rôtit les jambes et le ventre,