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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/139

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tandis que les épaules y gèlent frissonnantes ; dans un angle, l’oblongue glace verdâtre au fond de laquelle un visage d’absente regarde et me sourit… ; mais le grand charme de cette chambre est dans ces deux fenêtres aux petits carreaux clairs dans leur étroit châssis, car ces deux fenêtres donnent sur l’horizon le plus mélancolique : un coin de parc en terrasses où rêve çà et là une rare statue ; le parc descend entre de longues avenues aux cimes défeuillées jusqu’au bord d’une route et de grandes pâtures, que borne au loin, bien loin, un vague rideau de bois !

Des bois et toujours des bois, des bois à perte de vue, des bois jaunes, mordorés par l’automne et rouillés par les pluies, ocres malades et violets grisâtres estompés de brume et fuyant, pareils à des fumées sur un ciel noyé d’eau, du laiteux terne et morne des vitres dépolies.

Aux carreaux le pianotement monotone, infini des averses.

Ô fins d’automnes, hivers, printemps trempés de boue
Endormeuses saisons, il faut que je vous loue
D’envelopper ainsi mon cœur et mon cerveau,
D’un linceul vaporeux et d’un vague tombeau.