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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/141

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ce petit jour pluvieux, ce ciel pesant et gris, pour être dans de la nuit, m’enfoncer dans du noir, et me cachant la tête au creux de mes oreillers, je me suis recouché sanglotant de toutes mes forces, mais sanglotant comme un enfant, des vrais sanglots de gosse qui étouffe et râle au travers de ses larmes, redevenu gamin par la douleur.

Et durant toute cette belle crise, tu croiras ce que tu voudras, pas une minute le désir d’un baiser ou d’une plus intime caresse, rien que le besoin, mais un besoin presque physique, à crier d’angoisse, d’une longue et quasi-fraternelle étreinte, joue contre joue, cœur contre cœur !

Car c’est complet, cette silencieuse m’a rendu presque chaste ! C’est d’elle toute, bien plus que de sa chair, dont j’ai soif, de l’expression de ses yeux, du sourire un peu sévère de sa bouche, du refus même de cette bouche et de la ligne frêle de ses épaules et de son long cou !

La pudeur se gagnerait-elle !

Je l’adore, je sens que je ne puis vivre sans elle et parfois il me semble que je ne la désire plus !

Mieux, si je te disais que ce que je crois aimer