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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/155

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la foule s’était dispersée, les uns haussant les épaules, les autres la déclarant bien bonne, et la plaisanterie continuait toujours entre ce domino et cet habit noir, une plaisanterie atroce et qui tournait au drame ; et cela, je n’en pouvais douter maintenant qu’approché des deux acteurs de la scène, je voyais la femme presser le pas, le dos tourné à sa loge, chercher à fuir, n’importe où, droit devant elle, et, la tête perdue, chanceler et trébucher dans sa robe avec une telle pâleur répandue sur ce qu’on devinait de son visage à travers ses dentelles, qu’à chaque pas de la malheureuse en avant, je m’attendais à la voir tomber et défaillir.

— Inotey, Inotey ! essayai-je en vain d’intervenir, mais lui, toujours flegmatique et railleur sous son faux-nez de persécuteur grotesque, continuait de se dandiner sur les pas de la femme, lui chantonnant sur le même air :

Mademoiselle, écoutez-moi donc,
Faisait-y beau temps place de la Roquette
Quand Monsieur Deibler, ce mitron,
Ébréchait not’cheri mignon ?