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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/156

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Si c’pauvre gars, mamzelle, n’a plus de tronc.
C’est pas une raison pour me faire une tête !
D’aut’que lui ont la tête et le tronc
Et ne demandent pas mieux que de faire la fête !
Mademoiselle, écoutez-moi donc,
Faisait-y beau temps place de la Roquette
Mademoiselle, écoutez-moi donc,
Ça fait-y du mal, quand on n’a plus de tronc ?


Il l’avait acculée dans un angle et la malheureuse à demi-suffoquée, une suprême angoisse dans les yeux, baissait toujours le front et bombait les épaules, cherchant en vain à se dérober, quand avec un grand cri étouffé elle s’abattait soudain sur la poitrine de son persécuteur. Inotey venait enfin d’ôter son nez en cartonnage « Vous, vous, c’était donc vous, balbutiait-elle sans reprendre haleine, et je devinais qu’elle devait sourire sous son masque de dentelles d’un sourire à la fois reconnaissant et crispé de femme qui vient d’échapper à un affreux péril.

— Et qui vouliez-vous que ce fût ? murmurait Inotey.

— Oui, j’étais folle… Ah ! c’est bon d’avoir eu peur… une fois que c’est passé, mais vous ici, vous retrouver ici ?