Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/204

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accompagnées de calvities mâles à mine grave complimentent un jeune homme imberbe et svelte, aux membres longs ; lequel sourit, ondule et hoche la tête, le visage éclairé par deux singuliers yeux noirs, du noir luisant et froid de ses cheveux frisés, lustrés, calamistrés, gras de pommade.

C’est un abandon, une complète désertion.

Oh le significatif haussement d’épaules de la chanteuse, demeurée debout auprès du grand Erard à queue, et le mince sourire de ses lèvres touchées de fard : elle chuchote à son compagnon je ne sais quelle impertinence qui le fait lever de son tabouret et sourire, lui aussi, d’un mystérieux sourire ; puis, prenant un rouleau de musique jeté là parmi les partitions, des feuillets épars, elle le déroule, le pose grand ouvert devant son accompagnateur, lui désigne une mesure dans le bas d’une page, et, tout en lui tamponnant les sueurs du front avec un mouchoir de batiste, chantonne à mi-voix le passage difficile, tandis que lui l’accompagne en sourdine, presque du bout des doigts. Ils répètent évidemment.