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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/205

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« Le frère et la sœur » me murmurait à l’oreille l’électricien Forbster retrouvé là par hasard, la comtesse de Mercœur et le marquis de Sarlys, tous deux passionnés de difficultés mélodiques, de symphonies en ut et d’opéras de Wagner, d’ailleurs musiciens tous deux comme la musique. La comtesse possède une des plus belles voix de l’Europe ; toute laide qu’elle est avec ses maxillaires avancées et sa face de morte, elle enlèverait la salle de l’Opéra, même un soir de première. Ah ! si elle voulait, elle aurait deux cent mille francs par an chez Gailhard, oui, chez Gailhard lui-même. Mais voilà, elle ne veut pas. Le frère a un talent de pianiste ordinaire, mais c’est le cas pathologique de la famille.

— Encore un cas pathologique !

— Ou fantastique, comme vous le préférerez. Le macabre ici nous entoure : nous côtoyons sans nous en douter (vous du moins) une des plus noires histoires d’Hoffman. Le marquis de Sarlys, que vous voyez là en train de faire répéter sa sœur. Charles Bertrant de Vassenage, marquis de Sarlys et comte de Baudemont, gentilhomme affligé de cent quarante mille livres de rente en terres,