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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/207

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— Vous n’êtes pas en péril ; je vous préviendrai. Mais regardez-moi ce pauvre Sarlys. Voyez ces yeux creuses, fébriles, étincelants dans leur cerne bleuâtre, cette pâleur moite d’une perpétuelle sueur froide, cette physionomie d’agonie haletante et meurtrie, ce masque douloureux d’hystérique extasié. Eh bien, depuis six mois, ce garçon, que j’ai connu fort, sanguin, bien portant, beau joueur, plus beau coureur, joyeux vivant et de toutes les fêtes, de toutes les chasses, depuis six mois ce garçon vit sans maîtresse, n’a pas touché une carte ; lui, centaure enragé, monte à peine à cheval une heure encore par jour, ne chasse plus, ne soupe plus, ne paraît plus au cercle et, pour tout dire, hélas ! se consume, se vide, s’épuise et se meurt devant des partitions d’opéra, des symphonies, des cantates, rivé sur un tabouret de piano entre Hermann Barythine, le si sympathique jeune maître, et la marquise Annette de Mercœur, née Sarlys, sa sœur.

— Et l’Égrégore ?

— Est Barythine, ce cher Hermann, comme roucoulent ces dames avec leur petite voix de tête.