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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/223

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aies l’épiderme sensible, et je sais que tu l’as chatouilleux. Ce qu’on t’aurait blagué sur ta présentation. Ah, ce cher Delseaux. »

Et d’une tape amicale, il me poussait dans la brasserie, où nous étions arrivés en causant.

— Garçon, deux portos, et quand il eut trempé ses moustaches dans le verre empli de topazes, mon cher ami, faisait Lacroix-Larive en étendant droites ses deux jambes sur la table et en enfonçant d’un geste un peu canaille ses deux mains dans les poches de son pantalon, si je te disais qu’il y a en ce moment à Paris une femme dont le nom et une aventure déjà vieille de vingt ans sont aujourd’hui dans toutes les oreilles et sur toutes les bouches, un mari dont on vient de troubler l’existence de bien-être et de luxe calme en lui rappelant soudain une aventure oubliée, un amant dont la subite apparition d’un monsieur inconnu vient de menacer le bonheur et de bouleverser la sécurité coutumière ; si je te disais, enfin, qu’aujourd’hui à cette heure, rue Murillo, dans un des plus beaux hôtels de Paris, il y a peut-être une femme à la fois frissonnante de terreur et de joie qui, les doigts