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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/234

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Roybet chatoyant dans l’étonnante aquarelle de Ziem, que Porel a mise dans ce décor, tous les yeux, toutes les lorgnettes avaient suivi la direction de la jumelle, et la fragile créature, maintenant accoudée au velours rouge de sa loge, avait, dans sa pâleur inquiétante et spectrale, comme le resplendissement de tous ces regards d’hommes et de femmes soudainement attachés sur elle.

Visage d’un ovale aminci, d’une expression langoureuse et souffrante les yeux comme agrandis, d’un outremer tournant au noir, inquiétaient, ardents et douloureux, dans leurs cernes bleuis, meurtris, tachés de nacre ; le nez délicat, aux narines mobiles et vibrantes haletait comme dans une atmosphère trop rare et insuffisante pour sa vie, et, son grand éventail de plumes ramené contre sa poitrine plate, elle mordait de temps à autre du bout de ses dents, éclair d’émail apparu dans le rouge de sa bouche, la chair brûlante et pourprée de ses lèvres, et cela à en faire jaillir le sang ; auprès d’elle avait pris place un homme, lui grand, robuste, bien portant, dans toute la force de l’âge et, très correct, le large cordon de