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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/235

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lorgnon en moire noire traversant le gilet blanc de soirée, tenue de clubman hanté des princières élégances d’un Sagan, il se penchait vers la frêle femme pâle, lui parlant à l’oreille et lui offrant dans un sac de soie tendre des violettes de Parme cristallisées, qu’elle grignotait demi-souriante et étouffant.

— Elle ne fera pas long feu, la nouvelle, ricanait devant moi le voisin de mon habit noir ; elle n’en a pas pour deux mois : cette petite femme-là en est aux suffocations ; ça doit cracher le sang à pleins poumons, mais ça doit avoir un fier tempérament de minuit à deux heures, quand monte l’accès de fièvre. Très jolie d’ailleurs un peu maigre pourtant. »

Il avait pris la lorgnette des mains de son ami, et, les deux montants comme rivés à la loge, il détaillait et chaque crispation de la robe bleu-pâle et chaque empressement du large gilet blanc.

— Un fichu goût tout de même, continuait mon lorgneur, aimer des squelettes de femmes et s’abonner aux pompes funèbres de l’amour.

Ce cher Fauras, je ne lui vois jamais que des