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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/236

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Vénus de cimetière, et toujours des nouvelles. Combien en a-t-il donc déjà expédié de maîtresses ?

— Mais trois ou quatre en deux ans. C’est une monomanie à croire qu’il va les prendre à l’hôpital ; la maladie, la phtisie surtout, voilà ce qui le charme. Nous avons eu la maîtresse du bourreau, lui c’est l’amant des condamnés ; épris d’élégies et de larmes, ce bon Fauras, tout bien portant qu’il se conserve, lui, n’aime que celles qui vont mourir la fragilité de leur existence les lui rend plus précieuses et plus chères ; il suffoque de leurs oppressions, frissonne de leurs fièvres et, attentif à leur moindre soupir, penché sur leurs étouffements, il épie, voluptueux et brisé, les progrès de leur mal, agonise leurs spasmes et vit leur agonie, un sybarite ! quoi !

— Oui, je sais ; un féroce, quelque chose comme un sadique tourmenté d’idées macabres, presque un nécrophile, demandant un reste de chaleur au cadavre et cherchant dans la mort la dernière saveur de l’amour : le crime de Saint-Ouen renouvelé tous les soirs dans la sécurité de l’alcôve,