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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/238

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ne pas la comprendre cette mélancolique et lancinante ivresse, l’ivresse de ces liaisons irrémédiablement marquées par le Trépas et le Plaisir !

— Monstrueux.

— Mais absolument vrai. La fragilité est le grand charme des êtres et des choses, la fleur plairait moins si elle ne devait se flétrir ; plus vite elle meurt, plus elle embaume ; c’est sa vie qu’elle exhale avec son parfum ! De même, la femme condamnée ; agonisante, c’est avec frénésie qu’elle s’abandonne aux voluptés qui la font vivre double en la faisant mourir ; ses moments sont comptés ; la soif d’aimer encore, le besoin de souffrir brûlent et flambent en elle, elle se cramponne à l’amour avec de suprêmes convulsions de noyée, et, désirante, décuplant ses forces dans un dernier baiser, déjà tordue sous la main de la Mort, elle tuerait de volupté, si elle n’en expirait elle-même, l’homme désespérément adoré, dont la longue, lourde et rageuse étreinte la fait se pâmer et mourir.

— Délicieux !

— Oui, délicieux, l’amour des poitrinaires ! et puis un autre avantage, Fauras évite ainsi l’ennui