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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/239

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des congés parfois brutalement signifiés même par un galant homme aux échéances obligées des collages, les scènes de rupture souvent plus que pénibles, toujours désagréables, les titres de rente et jusqu’au vitriol, tout le fumier rebutant des fins de bail : pratique et délicat, il ne connaît pas, lui, l’écœurement prévu des amours indurées, la navrante et morne satiété des idylles chroniques et des liaisons rancies ; ses aventures à lui se dénouent sur le drap blanc et larmé d’argent clair d’un cercueil de jeune fille, au milieu des jonchées de violettes et de roses, à la lueur des cierges, au chant des orgues et des épithalames ; et la mariée est morte comme Ophélie ; Hamlet moderne, il suit lui-même le convoi de son amour et si son cœur a quelques déchirements, sa souffrance a du moins un beau cadre, des fleurs et de l’encens, de la musique et des psaumes de prêtre dans un décor troublant d’apothéose ; une douleur d’artiste, en un mot, mais d’artiste pratique et homme d’affaires, car il a le trépas pour notaire et conseil, et il a chargé le gardien du cimetière Montmartre de la liquidation de ses sentiments ; mieux, il