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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/87

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au fond, dont on voit les clochers et les toits se détachant sur le ciel bleu pommelé d’une tiède journée de mai, c’est enchanteur et d’un charme si prenant de calme et de silence que, malgré moi, je m’arrête troublé, d’une soudaine angoisse, de la crainte de voir tout cela s’en aller, disparaître, comme au théâtre s’enlève un décor.

Mais le décor ne s’en va pas, il est solide, il reste… Nous nous promenons maintenant dans une autre allée ombragée de vieux ormes, contre un grand mur tapissé du glycines, aux longues grappes mauve-pâle, d’une nuance comme endolorie : à droite, à gauche, des souvenirs de la Malmaison, des roses jaunes, très haut montées sur tige, nous effleurent la joue de leur soie qui embaume… et le petit docteur, bavard comme une pie, la face allumée, va, dévidant ses questions, ses demandes, jacassant, jabotant, embrouillant les réponses. « Et comment va ce grand flandrin d’Athys ? Mais il est mort. Vous ne l’avez pas connu. C’était un bon ami à nous deux votre père. Ce grand Hector, ce qu’il a été beau. Non,